Devenir famille d’accueil

Être famille d’accueil, c’est d’abord beaucoup d’amour

Être famille d’accueil, c’est d’abord beaucoup d’amour

© Media planet/ Planet Future (Benoît, Isabelle, et leurs enfants Raphaëlle, Emilien et Sami)

Isabelle Heymans et Benoit Zonderman sont les heureux parents de Raphaëlle, 14 ans, Emilien, 11 ans, et Sami, 8 ans. Depuis cinq ans et demi, ils sont les parents d’accueil du petit dernier. Une expérience riche en émotions, en découvertes et en amour, qu’ils n’hésitent pas à recommander à d’autres familles. Aujourd’hui, en Fédération Wallonie-Bruxelles, plus de 500 enfants sont en attente d’une famille d’accueil.

Un projet de longue date

Pour Isabelle et Benoit, l’idée de devenir famille d’accueil était en germe dès les tout débuts de leur rencontre. Lorsqu’ils ont abordé leurs projets de vie, la volonté d’élargir la famille était déjà présente, d’autant qu’Isabelle a un frère d’adoption. Initialement, ils penchaient plutôt pour l’adoption, mais les circonstances n’ont pas permis de la concrétiser. Finalement, ils ont choisi d’être famille d’accueil à long terme. Notons qu’il existe aussi la possibilité d’accueillir un enfant à court terme ou en urgence.

Comme le précise Isabelle, « nous avons choisi d’accueillir un enfant qui a des parents mais qui ne peut malheureusement pas vivre avec eux. Nous sommes sa deuxième famille, avec laquelle il peut vivre. » Précision importante donc : les liens d’un enfant sont préservés avec ses parents et/ou avec sa fratrie, dont certains vivent éventuellement dans d’autres familles d’accueil. « Sami voit de temps en temps ses parents. Les relations entre ses parents et nous, ses parents d’accueil, se passent plutôt bien, car une confiance et un respect mutuel se sont développés. »

Un projet d’accueil ne se met pas en place du jour au lendemain. Un parcours d’au moins six mois permet de clarifier les choix de la famille.

Un accueil naturel pas à pas

Un projet d’accueil ne se met pas en place du jour au lendemain. Un parcours d’au moins six mois, avec un service d’accompagnement, permet de clarifier les choix de la famille. Les premières rencontres avec l’enfant se déroulent après la validation du projet et deviennent progressivement plus longues en fonction de l’évaluation du service d’accompagnement. Celui-ci suit la manière dont les liens se construisent avant de concrétiser l’accueil.

Isabelle se rappelle très bien les premiers moments avec Sami : « J’ai le souvenir d’un enfant qui était forcément chamboulé mais qui souhaitait saisir la perche qui lui était tendue et qui s’y accrochait. Pour nous, c’était gratifiant de le voir réceptif. Je qualifierais cela de choix mutuel : nous choisissions d’accueillir un enfant qui, à son tour, choisissait d’être accueilli chez nous. »

Raphaëlle, la fille aînée, confirme que le processus s’est fait tout naturellement : « Cela a été progressif. Nous sommes d’abord allés le voir avant de l’accueillir à la maison. Nous avons eu le temps de nous habituer, tout ne s’est pas fait d’un coup. J’étais super contente. Pour moi, c’est mon frère ! Il a les avantages et les inconvénients d’un frère (rires). J’ai deux frères et je ne fais aucune différence entre eux. »

Une expérience enrichissante et gratifiante

Depuis l’accueil de Sami, une assistante sociale assure un suivi régulier, notamment lors des visites de l’enfant avec ses parents. Si nécessaire, un psychologue peut aussi intervenir. Si Isabelle et Benoit apprécient à sa juste valeur cet accompagnement, ils en relativisent l’emprise sur la vie quotidienne de Sami : « Cela représente une demi-journée par mois », remarque Isabelle.

Tous deux reconnaissent qu’il faut prendre le temps pour accueillir un enfant, être disponibles et ouverts pour répondre aux besoins. « Mais c’est propre à chaque enfant, né dans la famille ou accueilli », estime Benoit. « Pour tout enfant, il faut de la patience et beaucoup de discussions. Nous n’avons pas plus de difficultés avec Sami que certains parents en ont avec leurs propres enfants. »

On le voit, Isabelle, Benoit et Raphaëlle vivent cette expérience de façon très positive. « Même si c’est exigeant, c’est vraiment très enrichissant pour tout le monde et ça vaut la peine d’être vécu. Pour ma part, je suis tellement récompensée en amour ! », conclut Isabelle.

On manque de familles d’accueil comme de places en pouponnières

Les pouponnières sont des établissements hébergeant des enfants dans le cadre de l’aide et de la protection de l’enfance. En Belgique, les places y manquent cruellement, aussi par manque de familles d’accueil pour les enfants.

L’accueil en pouponnière fait suite à une décision du Service de l’aide à la jeunesse, du Service de la protection de la jeunesse ou d’un juge de la Jeunesse. Comme l’explique Leslie Kermis, Directrice pédagogique de la Maison d’Enfants Notre Abri, une pouponnière située à Bruxelles, « les places d’accueil manquent tant au niveau des pouponnières pour les jeunes enfants que dans les institutions de plus grands enfants. Notre ASBL accueille 64 enfants de 0 à 7 ans et ne peut pas en accueillir plus. »

En conséquence, de nombreux enfant qui devraient être placés dans ces pouponnière sont sur des listes d’attente. Le problème vient du fait que ces institutions devraient en théorie être des lieux de transition. « Hélas, ces enfants attendent souvent un à trois ans avant de trouver une famille d’accueil. En Belgique francophone, des centaines d’enfants sont en attente d’une famille d’accueil. »

Un effet boule de neige vraiment dramatique !

Author
Philippe Van Lil
12/12/2022